Dans une époque ultra-connectée, où la psychologie, le coaching et la thérapie de couple sont accessibles en quelques clics, un phénomène surprend : de plus en plus de couples en crise se tournent vers des marabouts.
Là où autrefois cette démarche restait discrète, presque taboue, elle devient aujourd’hui monnaie courante, y compris chez :
- des cadres supérieurs
- des étudiants
- des entrepreneurs
- des couples installés à l’étranger
Pourquoi des personnes modernes, rationnelles, parfois très éduquées, choisissent-elles de confier leur vie sentimentale à un marabout plutôt qu’à un psy ou à un conseiller conjugal ?
Derrière ce mouvement, on trouve un cocktail puissant : déception face aux solutions classiques, recherche de résultats rapides, besoin de spiritualité et influence massive des réseaux sociaux.
1. Quand la thérapie de couple ne suffit plus
La thérapie de couple reste un outil précieux… mais beaucoup de couples en crise ressentent ses limites.
1.1. Un processus long, coûteux… et parfois décourageant
Pour fonctionner, une thérapie de couple demande :
- du temps
- de la patience
- un engagement des deux partenaires
- un budget régulier
Dans une société de l’instantané, cela heurte souvent les attentes.
“Nous avons essayé trois thérapeutes en deux ans, raconte Sarah, 34 ans. On dépensait beaucoup, on revivait toujours la même souffrance, sans changement concret. Mon mari avait l’impression de perdre son temps.”
Résultat : certains couples ressortent de la thérapie davantage épuisés que rassurés.
1.2. Un manque de chaleur ou de dimension spirituelle
L’approche analytique et psychologique, même si elle est pertinente, peut sembler :
- froide
- trop “intellectuelle”
- déconnectée de la dimension invisible, émotionnelle ou spirituelle que beaucoup ressentent dans une relation
Les marabouts, eux :
- parlent d’énergies, de jalousie, de mauvais œil, de blocages
- proposent des rituels concrets, des prières, des protections
- donnent le sentiment de toucher à l’“origine cachée” du problème
Pour des couples qui souffrent, cette approche peut sembler plus adaptée à leur ressenti, même si elle n’est pas rationnelle.
1.3. Accessibilité et proximité
Autre réalité :
- pas assez de thérapeutes dans certaines zones
- délais d’attente trop longs
- tarifs parfois élevés
À l’inverse, un marabout :
- est souvent plus disponible
- peut consulter en présentiel, au téléphone, par WhatsApp
- propose des prix négociables ou adaptables
Dans une urgence affective, la solution la plus rapide et accessible est souvent celle qui est choisie.
2. L’attrait des solutions rapides et “miraculeuses”
Nous vivons dans une culture où l’on veut tout, tout de suite :
livraison 24h, streaming instantané, réponses immédiates.
Cette logique s’invite aussi dans la vie sentimentale.
2.1. “Retour de l’être aimé en 48h” : le rêve vend du rêve
Beaucoup de marabouts affichent des promesses comme :
- “Retour affectif en 3 jours”
- “Sauvez votre mariage en une semaine”
- “Empêchez votre partenaire de vous quitter”
Ces phrases parlent directement à :
- la peur d’abandon
- la panique
- le désespoir des couples sur le point d’exploser
Après des mois de disputes, de séances, de tentatives, la promesse d’un résultat rapide a une puissance immense.
“Après des mois de thérapie sans résultat, quand le marabout nous a parlé de trois rituels pour sauver notre couple, on a eu l’impression de respirer enfin”, confie Marc, 29 ans.
2.2. Le pouvoir symbolique du rituel
Un marabout n’offre pas qu’un discours : il propose des actes :
- bougies
- encens
- prières
- talismans
- bains spirituels
Même si on n’y croit qu’à moitié, le simple fait de faire quelque chose de concret donne l’impression :
- d’agir
- de reprendre le contrôle
- de ne pas rester spectateur de la rupture
Là où la thérapie, parfois, ressemble à de longues discussions, le rituel donne la sensation d’un changement en marche.
2.3. La discrétion totale
Autre point très important : la confidentialité.
- Pas de dossier médical
- Pas de traces administratives
- Pas de crainte de croiser quelqu’un en salle d’attente
Tout peut se faire :
- au téléphone
- par message
- sous un prénom différent
Pour des personnes soucieuses de leur image sociale ou professionnelle, cette discrétion est un argument de poids.
3. Le grand retour de la spiritualité dans les histoires de couple
Même si les religions institutionnelles perdent du terrain, le besoin de spiritualité, lui, ne disparaît pas. Il se transforme.
3.1. Donner du sens à la souffrance amoureuse
Quand un couple va mal, les questions affluent :
- “Pourquoi nous ?”
- “Pourquoi maintenant ?”
- “Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ?”
Un marabout va souvent répondre en termes de :
- mauvais œil
- jalousie
- blocage spirituel
- sort jeté
- influence extérieure
Cela peut choquer les esprits rationnels, mais pour certains, ça fait… du bien.
“Quand mon marabout m’a dit qu’il y avait une jalousie autour de notre couple, ça m’a soulagée. Ça voulait dire qu’on n’était pas juste nuls ou incompatibles”, raconte Fatima, 41 ans.
Le problème devient “extérieur à nous”, et donc “réparable”.
3.2. Alléger la culpabilité et la responsabilité
Dans notre monde moderne, on entend souvent :
“Si ton couple échoue, c’est que tu n’as pas assez travaillé dessus.”
Résultat :
- culpabilité
- honte
- impression d’échec personnel
La vision du marabout, elle, propose parfois une autre histoire :
- forces invisibles
- jalousie d’un ex, d’une belle-famille, d’un voisin
- karma, attaque spirituelle, etc.
Même si ce n’est pas vérifiable, cela peut alléger une partie de la douleur et redonner un certain espoir.
3.3. Retrouver une communauté
Chez certains marabouts, on trouve :
- une clientèle fidèle
- des personnes qui témoignent
- des familles entières qui consultent
Ce micro-univers crée une forme de communauté, un sentiment :
- d’appartenance
- de partage
- de ne pas être seul dans ses problèmes
Là où la thérapie est souvent intimiste et individuelle, le maraboutage peut redonner une impression de lien social et culturel.
4. Réseaux sociaux : le marabout 2.0
La nouvelle vitrine des marabouts, ce ne sont plus seulement les cartes de visite et le bouche-à-oreille, mais Instagram, TikTok, Facebook, WhatsApp.
4.1. Témoignages viraux et normalisation
On voit aujourd’hui :
- des stories : “Grâce à Maître X, mon mari est revenu”
- des vidéos “avant / après”
- des témoignages écrits, parfois scénarisés
Tout cela :
- banalise la démarche
- la rend “tendance” ou au moins acceptable
- donne l’impression que “tout le monde le fait”
“J’ai trouvé mon marabout sur Instagram via une influenceuse qui racontait comment il l’avait aidée à garder son couple, explique Jennifer, 26 ans. Ça m’a semblé normal d’essayer, presque comme tester une nouvelle routine beauté.”
4.2. Consultations à distance : un marabout toujours joignable
Avec :
- les appels vidéo
- les messages vocaux
- les photos qu’on envoie
- les transferts d’argent en ligne
Un marabout peut suivre un couple à distance, dans n’importe quel pays.
Plus besoin d’être du même quartier ou du même pays. Résultat : le marabout devient un “service à portée de main”, comme un coach, un psy ou un consultant.
5. Que révèle vraiment cette ruée vers les marabouts ?
Au fond, ce phénomène est le symptôme de plusieurs choses :
- un manque criant de repères affectifs
- la fatigue face à la complexité des relations modernes
- le besoin d’espoir, même irrationnel
- la quête de sens et de spiritualité dans la vie amoureuse
Pour certains, le marabout est :
- un escroc
- une illusion
- une fuite irrationnelle
Pour d’autres, il est :
- un soutien
- un repère spirituel
- une dernière chance quand tout le reste semble avoir échoué
Faut-il condamner ou comprendre ?
On peut critiquer les promesses abusives, les arnaques et les dérives (et il y en a, clairement).
Mais on peut aussi y voir un message très clair :
👉 Les couples ont besoin :
- d’être écoutés avec cœur, pas seulement analysés
- d’espoir, même symbolique
- de rituels, de gestes concrets qui marquent un “avant / après”
- de sentir que leur histoire compte, aux yeux de quelqu’un
Peut-être que la vraie piste d’avenir, c’est moins la guerre “psy vs marabout”, et plus une réflexion :
- sur la manière dont on accompagne les couples
- sur la place de l’émotionnel, du symbolique, du spirituel
- sur la nécessité d’allier travail concret (communication, thérapie, décisions) et dimension intérieure (sens, foi, rituels personnels)
Conclusion : ce qui compte vraiment quand le couple vacille
Qu’on y croie ou non, une chose est sûre :
quand un couple en crise ose demander de l’aide – à un marabout, à un thérapeute, à un coach, à un conseiller religieux – il pose un acte fort :
il refuse de laisser son histoire mourir sans se battre.
Au-delà des méthodes, des croyances ou des outils, ce qui fait la différence, c’est :
- la sincérité de la démarche
- la volonté d’affronter la situation, pas de la nier
- la capacité des partenaires à se remettre en question
- et parfois, oui, le besoin d’un peu de mystère pour tenir bon
Que vous soyez tenté par l’approche d’un marabout ou non, retenez ceci :
ne restez jamais seul face à une crise de couple.
Cherchez de l’aide, sous la forme qui résonne le plus avec vous – mais gardez toujours votre discernement, votre liberté et votre sens critique.
